vendredi 4 octobre 2013

National : vers des mesures agroenvironnementales et climatiques (« MAEC ») pour les «systèmes herbagers et pastoraux » ?



Un groupe de travail a été initié par le BATA (Bureau des Actions Territoriales et Agroenvironnementales du MAAF) au printemps 2011 pour participer à l’élaboration des futures MAEC qui s’appliqueront dans le nouveau programme de développement rural. Outre les MAEC territoriales qui devraient continuer de s’appliquer sur les territoires à enjeux nationaux forts comme Natura 2000 ou les continuités écologiques (c’est-à-dire les corridors et les réservoirs de biodiversité de la Trame Verte et Bleue ou « TVB »), voire sur les périmètres DFCI en région méditerranéenne, s’est posée la question de l'opportunité et de la faisabilité de mesures agroenvironnementales dites « systèmes », à l’instar de la MAE « systèmes fourragers économes en intrants » du précédent dispositif MAE 2007-2013. Cette réflexion s’inscrit en parallèle de la  disparition programmée de la PHAE individuelle (s’adressant aux exploitations) et collective (s’adressant aux entités pastorales collectives comme les groupements pastoraux), ainsi que du projet de revalorisation de l’ICHN pour les élevages situés en zones de montagne.
L’idée d’une MAEC « systèmes herbagers et pastoraux » s’est construite progressivement, son objet portant sur un « soutien » aux systèmes herbagers peu intensifs et /ou aux systèmes à composante pastorale,  reconnaissant et encourageant leurs qualités environnementales. Les débats au sein du groupe de travail portent à la fois :
- sur des critères d’éligibilité relevant du niveau « système d’élevage », comme un taux de spécialisation herbagère ou pastorale minimum, un ratio minimum de surfaces qualifiées de « cibles » (les surfaces pastorales ou les prairies permanentes peu intensives), un critère de chargement animal extensif, ou encore un nombre minimum d’animaux ;
-    sur des critères d’engagements de pratiques à l’échelle du système ou des seules surfaces-cible, ou des engagements de résultats sur ces surfaces-cibles (cette option se rapprochant des MAE territoriales à obligations de résultats qui existent déjà), ou encore des engagements de maintien minimum de contribution des surfaces cibles dans l’alimentation du troupeau, ou concernant les niveaux de fertilisation et de traitements phytosanitaires...
L’ensemble de ces questions est évalué sur les aspects  méthodologiques, « d’adaptabilité » à des contextes variés,  de faisabilité des critères et des cahiers des charges, mais également de modalités de réalisation des contrôles. Une des difficultés réside notamment dans le choix du niveau d’engagement qui sera retenu sur les surfaces cibles, en adéquation avec des engagements plus exigeants préexistants ou à venir, et qui relèvent des MAET plus ciblées sur les territoires à enjeux forts. La mise en œuvre de la MAEC « systèmes herbagers et pastoraux » est  raisonnée en parallèle de la disparition de la PHAE. Si les élevages de montagne devraient bénéficier de la compensation qu’apportera la revalorisation de l’ICHN, une MAEC destinée aux élevages pastoraux  ou herbagers très extensifs hors zones de montagne apparait d’autant plus nécessaire. Dans la même perspective, une réflexion est engagée pour l’élaboration d’une MAEC dédiée aux entités pastorales collectives (comme les groupements pastoraux), tout autant indispensable.

Pour en savoir plus : mdimanche@cerpam.fr

National : les rencontres de Valdeblore : « Protéger les troupeaux, de l’alpage à l’exploitation »



Un séminaire technique s’est tenu sur la Commune de Valdeblore dans les Alpes-Maritimes les 3 et 4 juin 2013, pour faire le point sur la protection des troupeaux, son efficacité, ses difficultés de mise en œuvre et ses limites. Si Valdeblore est la commune sur laquelle s’est produite la première observation de deux loups le 2 novembre 1992, ce n’est pas pour cette raison que la rencontre s’est tenue en ce lieu. Il s’agissait pour tous les acteurs engagés dans la protection des troupeaux de manifester leur solidarité avec les éleveurs des Alpes-Maritimes, ceux qui subissent le loup depuis le plus longtemps et avec le plus d’intensité et qui se sentent parfois oubliés voire sacrifiés. Après l’accueil qui a été effectué par le Maire de Valdeblore, également en qualité de Président du Parc national du Mercantour, le Président de la Chambre d’Agriculture et celui du CERPAM ont ouvert cette manifestation technique coorganisée par leurs deux structures. Les interventions techniques présentées par ces structures ainsi que les DDT des Alpes-Maritimes, des Hautes-Alpes et de Savoie, l’OIER-SUAMME de Languedoc-Roussillon, l’ADEM pour la Drôme, la Chambre régionale d’agriculture de Franche-Comté, l’ONCFS et l’Institut de l’Elevage ont fait le point sur l’expérience acquise sur la protection des troupeaux, notamment dans les pâturages des exploitations d’élevage, où elle soulève de nombreuses interrogations et inquiétudes. Les Ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture ont présenté le nouveau plan d’action sur le loup et répondu aux très nombreuses questions à ce sujet.
Mais ce sont bien les témoignages des éleveurs des Alpes-Maritimes, de Lozère, des Vosges et de la Drôme, ces derniers au travers du film « Eleveurs, les morsures invisibles » réalisé par la MSA Drôme-Ardèche-Loire et présenté par son réalisateur, qui ont marqué les esprits.
Le drame étant que là où la présence du prédateur est la plus ancienne, la prédation est la plus lourde et l’épuisement des éleveurs le plus manifeste, malgré une mise en œuvre généralisée des mesures de protection. Il y a là clairement un échec, du moins dans les départements méditerranéens, du pari qui voulait il y a quinze ans que les importantes difficultés de terrain déjà rencontrées correspondaient au temps d’apprentissage des éleveurs et d’adaptation à un bouleversement de leurs pratiques, avant de trouver un équilibre avec le prédateur  au fur et à mesure de l’acquisition d’une expérience croissante.
L’ouvrage « Protection des troupeaux contre la prédation », coédité par le CERPAM et les éditions de La Cardère en décembre 2012, a été remis aux quelques 150 participants issus d’horizons très divers, certains venus de l’étranger comme l’Allemagne et la Finlande. Tous sont repartis avec la perception que l’avenir du dossier, tant dans les zones anciennes de présence que dans les nouveaux fronts de colonisation, est lourd d’incertitudes. Et ce, d’autant plus que toutes les zones en déprise favorables à l’arrivée du loup sont aussi celles où se déploie le plus largement l’élevage pastoral…

Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence – Charte forestière et pastoralisme

La Charte forestière en cours dans la vallée de l’Ubaye, le Pays de Seyne et la Communauté de Communes de Serre-Ponçon concerne un territoire boisé de 51 330 ha. Sur ce total, 37 600 ha de forêt productive assurent une exploitation de 20 000 m3 par an, alors que l’accroissement naturel est de 180 000 m3 par an. Une importante marge de développement existe ainsi, notamment dans le domaine du bois-énergie. Mais l’ensemble de ce territoire englobe aussi plus de 100 exploitations d’élevage ainsi qu’un grand nombre de troupeaux transhumants. L’on décompte par exemple plus de 3000 bovins dans le seul Pays de Seyne, ou encore 30 000 ovins transhumants sur les deux communes de Larche et Saint Paul sur Ubaye. Le déploiement de cet élevage, non seulement sur les prés et les alpages, mais aussi dans les massifs forestiers, est une réalité aussi bien en période estivale qu’au printemps et en automne. Ainsi les  demandes en pâturages restent soutenues face à la colonisation d’anciens prés par des accrus de pins.
La Charte forestière a été signée en novembre 2012 par tous les acteurs de la filière bois, les élus des Communes concernées et le CERPAM. L’importance de l’élevage sédentaire est reconnue comme une richesse qu’il convient de préserver et même de consolider par l’ensemble des signataires. La charte met en avant la complémentarité entre les pratiques sylvopastorales et la destination d’une partie des bois sur la zone en plaquettes pour l’alimentation de chaufferies. Elle encourage les initiatives sylvopastorales, ainsi la création d’une Association syndicale libre (ASL) de propriétaires forestiers sur la Commune des Thuiles, venant se rajouter à celle de Jausiers - Enchastrayes créée en 2010. En témoignent également de nombreux projets d’opérations sylvopastorales. Toutes ces réalisations se font en étroite collaboration avec le CRPF ou l’ONF, suivant le statut des espaces boisés concernés.

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes : héliportage 2013



La campagne d’héliportage s’est déroulée du 25 au 29 juin 2013 dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes avec respectivement 232 et 207 rotations pour desservir au total 244 alpages. Il s’y est rajouté, dans les Alpes-de-Haute-Provence, 214 rotations pour des chantiers de cabanes pastorales, chantiers qui sont traités par ailleurs dans les Hautes-Alpes. L’organisation de l’héliportage est bien rôdée. Dès le mois de mai, les éleveurs retournent les bulletins d’inscription qui précisent le nombre de charges souhaitées et le nom des cabanes ou des « lieux » à desservir.
Une fois tous les bulletins réceptionnés, le
CERPAM construit un circuit départemental très précis et minuté, qui permettra de desservir toutes les cabanes sur une semaine en optimisant le temps de transfert entre chaque « DZ » (ou dropping zone, sur laquelle les éleveurs d’une même commune rassemblent les charges à transporter sur les différentes cabanes). Le CERPAM fait ensuite le point avec la société d’hélicoptère pour lui transmettre le circuit prévu ainsi que la localisation cartographique de toutes les cabanes et discuter de toutes les difficultés : accès difficile de l’hélicoptère sur les cabanes entourées d’arbres, charges « hors-normes », mission particulière, comme l’intervention sur les relais radios utilisés par les bergers ayant subi des dommages dans l’hiver.
La saison 2013 a été marquée par des conditions météorologiques difficiles, comprenant des phénomènes de vents violents et « anarchiques », avec de forts rabattants, températures très basses, neige en altitude. Des phénomènes qui semblent, pour certains d’entre eux, s’accroître ces dernières années à dire de pilote et d’éleveurs. Le volume des rotations est de plus en plus occupé par le matériel nécessaire à la protection des troupeaux, notamment les filets pour parcs de nuit et les croquettes pour chiens de protection. On estime à 20 tonnes le volume de croquettes héliportées dans les Alpes-de-Haute-Provence cette année. Le transport de charges à la redescente se développe depuis quelques années dans les Hautes-Alpes : poubelles, déchets divers, vieilles claies, bouteilles de gaz… Une amélioration paysagère des abords de cabanes que l’on se doit de saluer. Le CERPAM a eu le plaisir d’inviter Madame Mireille Peirano, vice-présidente du Conseil Régional chargée de l’agriculture, à venir assister à une journée d’héliportage dans les Hautes-Alpes pour découvrir une opération qui se déroule grâce au large soutien financier de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.


Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr et asilhol@cerpam.fr

Alpes-Maritimes : rencontre avec les Ambassadeurs du PNR des Préalpes d’Azur



Depuis 2011, le Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur a souhaité sensibiliser les visiteurs et les utilisateurs de leur territoire au respect des patrimoines naturels ou liés aux activités humaines. Chaque année, une équipe est ainsi embauchée pour aller à leur rencontre sur le terrain. Le PNR a souhaité une intervention du CERPAM et de la DDTM 06 auprès de ces « Ambassadeurs » au début de leur mission, afin de leur fournir des clefs de compréhension de l’élevage pastoral présent sur le territoire du Parc. Un accent particulier est mis sur les interactions avec les autres acteurs.
Lors de cette journée de formation, la présence de loups et ses conséquences sur l’élevage ont bien entendu été évoquées. En premier lieu, la nécessaire présence des chiens de protection est une problématique majeure à laquelle les Ambassadeurs sont confrontés, du fait de la forte fréquentation du public sur la zone sud du Parc. La DDTM 06 a ainsi expliqué le rôle de ses chiens, leur comportement et de nombreux échanges ont eu lieu afin d’informer au mieux la population. De plus, un point a été fait sur les nouveaux dispositifs visant à réguler la population de loup. Cette journée devrait permettre aux 4 « ambassadrices » de mieux répondre aux interrogations des personnes rencontrées lors de leur tournée et d’instaurer un dialogue permettant de réduire les risques de conflits.

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr  

Bouches-du-Rhône : vulnérabilité de l’élevage ovin au changement climatique



La Communauté du Pays d’Aix compte près de 350 000 habitants sur 1300 km². Dans ce territoire très peuplé et soumis à une forte périurbanisation, se trouvent à la fois des prairies très productives dans la vallée de la Durance comme de vastes espaces de collines et de forêt. Ce paysage est propice à différentes formes d’élevage ovin que l’on retrouve parmi la vingtaine d’exploitations présentes sur ce territoire, toutes spécialisées dans la vente d’agneaux et parfois de foin, et transhumantes en alpage.
Les troupeaux sont généralement importants, avec une moyenne de 800 brebis. Certains élevages sont très herbagers, avec des surfaces importantes de prairies leur assurant une autonomie fourragère et des excédents de foin à vendre. D’autres, la majorité, sont très pastoraux, avec en moyenne près de 1000 hectares de parcours leur permettant une alimentation des mères et des agneaux en automne, en hiver et au printemps. Dans les deux cas, ces exploitations savent gérer les aléas climatiques en se donnant « du large » pour passer les mauvaises années avec suffisamment de foin pour les unes, de surfaces de parcours pour les autres : sécurité herbagère ou pastorale. Les plus grosses exploitations « jouent sur les deux tableaux » en recherchant un équilibre entre la disponibilité en prairies et le déploiement sur parcours selon les lots d’animaux et les saisons. Ce sont en fait les petites exploitations pastorales insérées dans les interstices périurbains qui s’avèrent les plus vulnérables aux questions climatiques. Ayant des effectifs plus réduits, 450 têtes en moyenne, ces éleveurs recherchent souvent une meilleure valorisation de leur produit par des circuits courts. Mais ils disposent de surfaces pastorales moindres et mobilisent des milieux ouverts de campas (vieux prés), friches et restoubles (regain sur terres cultivées), tout à la fois sensibles à la sécheresse et précaires.
Les accidents climatiques qui inquiètent le plus les éleveurs concernent les saisons de soudure en fin d’hiver et fin d’été, affectant les deux saisons de pousse de l’herbe en climat méditerranéen. C’est d’abord la solidité de la structure des exploitations, qu’elles soient d’abord herbagères ou pastorales, et la disposition de surfaces tampons en réserve, qui leur permet d’y résister. A l’inverse, les exploitations trop serrées en surfaces et fragilisées par la périurbanisation, doivent acheter du fourrage les mauvaises années ce qui affecte leur équilibre économique. La diversification n’est pas une réponse sécurisant les élevages, en effet, elle demande une disponibilité en temps qui n’existe pas dans des systèmes privilégiant largement le gardiennage. Ces résultats fournissent une série d’enseignements utiles à mobiliser quant à l’adaptation des exploitations au changement climatique.

Pour en savoir plus : sdebit@cerpam.fr

Var : Le Plan d’Occupation Pastorale, un outil de dynamisation pastorale au service des élus



Dans les années 1990, les gestionnaires DFCI ont fait appel à de nouveaux éleveurs, dans le cadre d’installations ou le plus souvent de transhumances hivernales. Ce redéploiement pastoral sur des espaces de maquis ou de forêts qui n’étaient plus pâturés a été à l’origine d’un certain nombre de conflits avec d’autres usagers de l’espace. Des difficultés ont également pu surgir entre les éleveurs locaux et ces « étrangers au pays ». Les maires des communes varoises ont alors souhaité régler ces questions d’usage et d’affectation de l’espace et ont sollicité le CERPAM.


C’est dans ce contexte que le CERPAM a mis au point une méthode originale intitulée le Plan d’Occupation Pastorale (POP) à l’échelle communale ou intercommunale (POPI). Il s’agit d’initier une démarche  à caractère pédagogique et coopératif  entre les éleveurs pastoraux et les municipalités. Dans un premier temps, un état des lieux de l’occupation du territoire par le pastoralisme est dressé qui répond aux besoins des élus de mieux connaître les activités pastorales sur leur territoire, ainsi qu’à ceux des éleveurs d’être reconnus et accompagnés dans leurs projets. La carte est dressée à l’issue d’un entretien avec chaque éleveur qui définit lui-même les limites de son territoire pastoral (TP) ainsi que son mode de conduite du troupeau. Les territoires pastoraux dits vacants (TPV) sont également répertoriés. Ces données sont ensuite croisées avec une cartographie des enjeux où le pastoralisme joue un rôle déterminant, ou qui menacent son activité (DFCI, randonnée, Natura 2000, protection des eaux, chasse, présence de loups…) Ce travail est réalisé avec les services des municipalités et les organismes compétents (Chambre d’agriculture, ONF, CRPF, ONCFS, Conservatoire des Espaces naturels, Fédération des Chasseurs, associations). Une cellule technique mobilisant les éleveurs permet une concertation de tous les acteurs. L’objectif est d’élaborer un Règlement Pastoral Communal localisant chaque enjeu et précisant les partenaires, les équipements existants, les contraintes vis-à-vis du pastoralisme, les règles de pâturage préconisées et les actions à envisager. Un Plan d’Action fixe alors la feuille de route du maitre d’ouvrage du POP (Communes ou intercommunalité) pour les années à venir. Une cérémonie officielle, certes symbolique, mais véritable engagement moral des partenaires, présente le POP et se conclut par une signature conjointe des élus et de l’ensemble des éleveurs.
 Le Plan d’Occupation Pastorale est un outil de dynamisation pastorale au service des élus. Il leur apporte un éclairage sur l’importance de l’occupation territoriale du pastoralisme et son rôle envers les grands enjeux territoriaux. Il initie une véritable collaboration durable et contractuelle entre éleveurs et élus d’un territoire.

Pour en savoir plus : pthavaud@cerpam.fr

jeudi 6 juin 2013

Europe : rencontre européenne des acteurs concernés par la présence des prédateurs sauvages



Le 25 janvier 2013, la Commission européenne organisait une rencontre des acteurs et groupes d’intérêt concernés par la présence des prédateurs sauvages. Le CERPAM était présent sur l’invitation de la Fédération nationale ovine. A cette occasion, un bilan a été présenté de l’état des populations de grands prédateurs dans l’Union européenne, la Norvège, la Suisse et les pays balkaniques candidats. Cette partie du continent compte ainsi quelques 13 000 loups, avec une recolonisation en cours dans de nombreux pays, faisant d’ores et déjà de l’Union européenne l’une des grandes populations de loups de la planète. Les débats, très riches, ont fait apparaitre que les problèmes rencontrés par les éleveurs français face aux loups sont largement partagés par de nombreux Etats membres, notamment les Etats scandinaves. Le constat a d’ailleurs été dressé que le cas du loup ne pouvait être traité comme celui d’autres espèces de grands carnivores : ours, lynx, glouton. L’importance des activités pastorales comme patrimoine traditionnel a été rappelé ; il eut été utile de préciser que c’est aussi une activité de production à part entière, et que les espaces dits naturels sont aussi des espaces de production.

Le compte-rendu reste également en retrait en considérant qu’il y aurait un problème d’acceptation de mise en œuvre des moyens de protection, occultant ce qui a été présenté notamment en France, à savoir que les moyens de protection étaient très largement généralisés dans les Alpes et le constat final très négatif. Mais il a été reconnu que le cadre général de la Directive Habitat devait être assoupli et décentralisé, de façon à donner plus de marge de manœuvre localement pour traiter les problèmes. Enfin, la dimension négative de certains discours trop idéalistes sur les grands prédateurs a été reconnue. Une initiative largement positive de dialogue au total, à condition que les autorités européennes prennent pleinement en compte les retours de terrain souvent moins idylliques qu’escompté.


Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr

Régional – Conférence pastorale régionale



Le 9 avril 2013, se réunissait la Conférence pastorale régionale qui rassemble les financeurs du CERPAM, représentés par le Conseil régional, les Conseils généraux et les DDT/M de la région. A cette occasion, a été présenté le bilan annuel de l’activité du CERPAM et le programme prévisionnel des actions concernées par ces financements. Un tableau complet des programmes d’actions collectives avec les Groupements pastoraux, les Communes et les autres collectivités territoriales a ainsi été dressé, ainsi que la campagne d’héliportage et de brûlages dirigés. Les actions de recherche-développement ont également été présentées : l’action d’adaptation de l’élevage pastoral aux aléas et au changement climatique ; l’adaptation de l’élevage régional à la présence de loups ; les références sylvopastorales, à l’échelle de la parcelle et de l’aménagement ; l’action de communication et d’affichage sur les sites pastoraux ; enfin les références en cours d’élaboration sur l’élevage caprin pastoral méditerranéen, qui a fait l’objet cette année du traditionnel zoom mettant en valeur l’une des dimensions du programme. Sans oublier pour conclure les actions de prospective sur l’avenir de l’élevage pastoral régional, et celles de diffusion.
A cette occasion un débat riche s’est engagé sur les priorités régionales et leur application dans les différents départements. Les perspectives financières ont été également présentées par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec la volonté affirmée de préserver l’action du CERPAM dans un contexte budgétaire difficile.

Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence –Pastoralisme et arboriculture font bon ménage (Enquête pastorale)



Pour le département, l’enquête pastorale en 2012 a été réalisée sur 68 communes couvrant la vallée du Verdon et le massif des Monges. Sur ces deux petites régions, où les pratiques pastorales s’exercent à la fois sur des alpages et sur les pâturages des exploitations, l’enquête pastorale nous apportera des informations précieuses par rapport à la précédente datant de 1997. Les premiers dépouillements nous ont révélé par exemple une forte présence de l’activité pastorale dans le Nord Ouest du massif des Monges, tout le territoire qui redescend sur la vallée de la Durance en limite des Hautes Alpes.

Sur ce secteur du département, à vocation arboricole très marquée, où quasiment toutes les exploitations sont orientées vers ce type de production, nous avons découvert l’importance de l’activité purement pastorale. Les troupeaux à certaines périodes de l’année pâturent à la fois dans les vergers, en complément des zones de landes  et parcours. De même les arboriculteurs, dans leur assolement, incluent souvent des cultures de sainfoin et luzerne notamment, qu’ils font pâturer aux troupeaux en soupade avec les zones de landes. L’enquête pastorale a permis sur ces 8 Communes très arboricoles (Theze, Vaumeilh, Curbans, Le Caire, Claret, Sigoyer, Melve, La Motte du Caire) de recenser 41 zones pastorales d’intersaison sur lesquelles pâturent un total de 7700 brebis, 25 équins et 140 bovins. Les surfaces concernées seront connues lorsque le dépouillement sera achevé. Les éleveurs utilisant ces zones de pâturage d’intersaison sont soit sédentaires, le troupeau ovin de 200 brebis ou 20 vaches allaitantes, représentant une petite activité annexe à l’arboriculture, sur l’exploitation ; soit ces troupeaux appartiennent à des éleveurs venant transhumer à l’automne principalement, avant de regagner leurs sièges d’exploitation. L’Enquête pastorale a également permis de recenser les demandes des éleveurs en matière d’équipements pastoraux sur ces zones, notamment les points d’abreuvement.

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence –Deuxième rencontre franco-italienne



Un an après une première rencontre, lors de laquelle les éleveurs français ont été accueillis en Italie, c’est au tour des éleveurs italiens d’être reçus dans les Alpes-de-Haute-Provence du 27 au 29 septembre 2012. Cette visite se déroulait dans le cadre du programme de coopération transfrontalière ALCOTRA et la mise en place de Plans Intégrés Transfrontaliers. La délégation italienne était composée de 7 éleveurs, 2 ingénieurs pastoralistes de l’Université de Turin et une technicienne du Parc Alpi Marittime. Cette visite a permis de nombreux échanges à l’occasion de visites de terrain. Ainsi le dispositif français de mesures agri-environnementales a été présenté in situ dans le Parc national du Mercantour, avec les éleveurs et le garde du Parc concernés. L’organisation de la transhumance a également fait l’objet d’échanges enrichissants.

La visite s’est poursuivie par la découverte de la ferme expérimentale ovine du lycée agricole de Carmejane, un exemple intéressant de lien entre l’enseignement et le monde professionnel agricole ainsi que de cogestion dans les décisions sur les travaux d’expérimentations. Au programme, chargé malgré le temps incertain, figurait aussi la visite de l’abattoir local de Seyne-les-Alpes et de son atelier de découpe permettant de valoriser les produits par la vente directe. Les éleveurs bovins et ovins de Seyne conditionnent leurs carcasses en paquets de 10 kg, et les vendent directement aux particuliers sur Lyon, Grenoble, Marseille, ou encore Montpellier. Sans oublier bien sûr les visites consacrées à deux exploitations individuelles, l’une dans les Préalpes de Digne avec 350 brebis Mourrerous pour la viande et 50 chèvres Saanen pour la fabrication de fromage. La deuxième se situe en haute-montagne dans la vallée de l’Ubaye, également avec deux ateliers ; le père s’occupe de 400 brebis de race Communes et valorise ses agneaux en Label rouge « agneau de Sisteron » ; les fils développent un atelier de fabrication de confiture et pâtisserie à base de petits fruits rouges.

Les échanges ont convergé vers l’intérêt pour les éleveurs de développer un partenariat avec des structures gestionnaires de territoire, comme les deux Parcs nationaux de part et d’autre de la frontière, comme vecteur de développement de l’économie locale valorisant une nature préservée. La grande diversité des initiatives locales de valorisation des produits sur des circuits courts a également fait l’objet d’un partage d’expérience prometteur pour l’avenir.

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr et sgole@cerpam.fr

Hautes-Alpes – l’Enquête pastorale couvre le nord du département en 2012



L’enquête pastorale prévue sur 3 ans et a débuté en 2012 avec 60 communes, soit à peu près 1/3 du département : le Champsaur, le Valgaudemar, les Écrins, la Vallouise et le Grand Briançonnais. Sur ces territoires, les espaces pastoraux sont surtout représentés par des alpages gérés collectivement : 178 unités pastorales à fonction d’estive ont été recensées comme utilisées (114 000 ha environ), et 11 unités abandonnées pour diverses raisons. Sur ces 178 alpages, 95 sont gérés par des Groupements Pastoraux, dont 70 unités gardées par des bergers salariés pour 80 bergers salariés employés sur la zone étudiées. Les effectifs recensés s’élèvent à 109 000 ovins, 4700 bovins, 950 caprins et 50 équins.

En plus de ces alpages, l’enquête pastorale a permis de recenser 207 unités d’intersaison ou zones dites intermédiaires, soit  13 500 ha sur les territoires étudiés. Ces zones peuvent accueillir 58 000 ovins, 3500 bovins dont 100 vaches laitières, 950 caprins et 200 équins. 89 % de ces surfaces sont utilisées au, 86 % à l’automne et 27 % l’été, de façon exclusive ou non. On compte également trois zones d’utilisation hivernale. Cette première année d’enquête réalisée avec la participation des éleveurs utilisateurs de ces espaces montre la large couverture des unités et zones pastorales sur les territoires étudiés, soit environ 127 500 hectares. Le nombre conséquent d’alpages valorisés par l’élevage ovin mais aussi bovin illustrent les systèmes alpins existants sur le nord du département. L’analyse plus détaillées des données est en cours, et une comparaison avec l’enquête de 1997 est étudiée. En 2013, l’enquête pastorale cible le territoire du Buëch, Baronnies et sud-ouest du département, des territoires très différents de ceux du nord du département !



Pour en savoir plus : csoulleys@cerpam.fr

Alpes- Maritimes : Quand les vaches regardent la mer



Des nouvelles des vaches de la grande corniche… En 2005, l’Assemblée générale du CERPAM s’était tenue dans les Alpes-Maritimes sur le Parc naturel départemental de la Grande corniche géré par le Conseil général. L’image des vaches provenant des vallées du Mercantour passant l’hiver sur la côte avait marqué les participants. Cette année, les vaches réalisent leur dixième transhumance : celle s’est maintenu par la volonté des équipes et des élus du Conseil général des Alpes-Maritimes, ainsi que des éleveurs organisés en groupement pastoral et embauchant chaque année un vacher sur le site. Comme ailleurs, rien n’est figé et des adaptations ont eu lieu pour répondre aux problématiques du site : changement de dates de pâturage liées à une grande fréquentation d’une des zones ou pour faciliter le travail du vacher lors des épisodes neigeux qui reviennent chaque année, réorganisation de l’abreuvement, etc.
Pour le Conseil général, il s’agit d’un des cinq sites pastoraux situés de la côte aux alpages en passant par les Préalpes et pour lesquels des conventions pluriannuelles de pâturage sont en cours, avec des éleveurs locaux et deux groupements pastoraux. Le CERPAM appui techniquement les services pour l’animation et le suivi de ces sites, comme c’est le cas lors du renouvellement des conventions, la mise en place de mesure agro-environnementales, etc.
En espérant que les vaches profitent longtemps de la vue sur la Méditerranée !

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr   

Bouches-du-Rhône : l’Enquête pastorale en 2012



L’enquête pastorale réalisée dans les Bouches du-Rhône en 2012 a permis de dresser un panorama complet de l’élevage pastoral dans trois régions du département : la Crau, la Camargue, enfin la zone littorale de l’Est du département de Marseille à la limite du Var. Réalisée sur 30 communes, elle a permis de mettre en évidence 236 "zones pastorales", qu’il a été bien souvent possible d’individualiser à l’échelle de l’unité pastorale, et impliquent 150 éleveurs ou exploitations. Une zone pastorale est un espace pouvant être pâturée par un ou plusieurs éleveurs sur des surfaces imbriquées.

Les trois zones sont très différentes : en Crau, un grand bassin historique d’élevage ovin transhumant ; en Camargue, une région profondément originale avec l’élevage des bovins ‘sauvages’ et des chevaux ; et à l’est une zone largement périurbaine, où  l’élevage est moins présent mais en voie d’expansion. L’on repère ainsi des installations en chèvres laitières et des troupeaux d’ovins allaitants de taille plus modeste qu’en Crau, dans une logique de "reconquête pastorale", c’est-à-dire de mobilisation d’espaces de collines en déprise. Ainsi même la commune de Marseille dispose d’une zone pastorale pâturée par un troupeau mixte ovin et caprin allaitant ! Sur l’ensemble de ces 22 communes, l’élevage bovin ‘sauvage’ représente 46 % des zones pastorales, les ovins 35 %, les équins 8 % et les chèvres laitières 2 % ; pour 8% des ZP il n’a pas été possible de préciser l’utilisation entre bovin et/ou chevaux.



Pour en savoir plus : sdebit@cerpam.fr

Var – La mise en application du Plan d’Occupation Pastoral de la Dracénie



Le président de la Communauté d’Agglomération Dracénoise, Mr Olivier Audibert-Troin, les 7 maires de la Haute-Dracénie (Ampus, Châteaudouble, Montferrat, Bargemon, Figaniéres, Callas, Claviers) et une vingtaine d’éleveurs ( ovins, caprins, bovins et équins) ont signé le 23 novembre dernier, le POPI ( Plan d’ Occupation Pastoral Intercommunal de la Dracénie) au cœur du domaine pastoral de la Magdeleine à Montferrat (cf. lettre CERPAM n° 42). Les élus ont décidé dans le cadre d’une convention de partenariat qui sera signée prochainement avec le CERPAM de mettre en place les actions préconisés par le POPI. Il s’agit d’actions concrètes ayant pour objectif de conforter et développer le pastoralisme et couvrant différents domaines : une installation d’éleveur (ou une extension) sur une coupure DFCI ; l’animation de mesures agri-environnementales pour les tortues de Hermann avec 3 éleveurs ; la mise en place d’une concertation pour la régulation de la population de loups de Canjuers ; la mise en place de parcs d’appui au gardiennage pour protéger les troupeaux, et la concertation avec les chasseurs pour leur implantation ; la mise en place de panneaux d’information sur les chiens de protection pour les randonneurs ; mise en place d’une fête départementale du pastoralisme à Montferrat ; enfin concertation avec les autorités militaires du Camp de Canjuers et les maires des communes concernées pour évaluer l’impact des manœuvres militaires sur le pastoralisme et définir les mesures d’accompagnement nécessaires. 
 
Ces actions seront mises en œuvre au cours de l’année 2013, en étroite collaboration avec les partenaires administratifs et techniques : DDTM, ONCFS, ONF, CRPF, SDIS, Camp militaire de Canjuers, Fédération départementales des Chasseurs du Var, Sociétés de Chasse, Chambre d’Agriculture du Var, Fédération Départementale Ovine… D’autres collectivités territoriales dans le Var mais aussi dans les Bouches du Rhône et les Alpes de Haute-Provence s’intéressent  à cette démarche originale pour dynamiser et valoriser les activités pastorales sur leur territoire. De nouveaux projets devraient voir le jour dans les prochains mois.

Pour en savoir plus : pthavaud@cerpam.fr

mardi 29 janvier 2013

Le Président, le Conseil d'Administration et l'Equipe Technique du CERPAM vous présentent leurs meilleurs voeux pour l'année 2013


Numéro spécial : Prédation en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2012



L’année 2012 marque sans doute un tournant dans la question des loups et des attaques sur les troupeaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En effet, pour la première fois, après le Vaucluse, c’est  les Bouches-du-Rhône qui sont touchées. Désormais, les loups sont présents dans les six départements de la région, alors même que le bilan des attaques fait apparaître une  nouvelle et forte augmentation à l’échelle régionale. Au sein de la région, le contraste est de plus en plus net entre la haute-montagne (où les attaques sont contenues ou à la baisse) et les régions de Préalpes méditerranéennes et collines provençales, où la hausse de la prédation devient de plus en plus incontrôlable dans un contexte où les moyens de protection sont massivement généralisés. Ce contraste se retrouve au niveau national, où, malgré l’expansion des loups dans de nouveaux massifs (Vosges, Massif Central), la part de la prédation touchant Provence-Alpes-Côte d’Azur est très majoritaire et même en augmentation avec 75 % du total national. Ce dossier est destiné à présenter la situation telle qu’elle est vécue dans notre région, au moment où les nouvelles orientations du Plan d’action sur le loup vont être rendues publiques. C’est dans ce contexte de très forte inquiétude des éleveurs méditerranéens que l’équipe technique adresse ses meilleurs vœux pour 2013 à l’ensemble des ses partenaires techniques et institutionnels.


Alpes-de-Haute-Provence : « Tant que ça ne t’es pas arrivé, tu ne peux pas te rendre compte »



Dans les Alpes de Haute Provence, département le plus affecté après les Alpes-Maritimes avec près de 1000 pertes en 2012, deux zones ont été plus fortement touchées par la prédation : la vallée du Verdon et le massif des Monges. Plusieurs éleveurs sont particulièrement découragés, avec des approches de loups quasiment tous les jours sur leurs troupeaux. Sur un alpage, c’est l’aide-berger qui travaille en renfort pour protéger le troupeau qui abandonné en pleine estive, « je ne supportais plus la vision répétée de brebis égorgées ou déchiquetées, le pire c’est celles qui sont encore vivantes et qu’il faut achever ».

C’est ce sentiment d’impuissance et de découragement qui affecte le plus les éleveurs touchés, alors qu’ils ont mis en place autant que faire se peut les moyens de protection : l’essentiel des attaques sur les ovins concerne des troupeaux protégés. C’est l’occasion de rappeler le lien fort qui relie l’éleveur à son troupeau. Justement parce que ce n’est pas une activité très rentable, l’élevage pastoral est d’abord affaire de passion : «  Obtenir de belles et bonnes bêtes, c’est d’abord donner. Donner de la bonne nourriture, la meilleure herbe, le meilleur foin, donner du confort, une bonne bergerie, un bon emplacement pour qu’elles se couchent, donner de son temps, beaucoup de son temps pour les soigner, les alimenter, et puis donner de l’attention. Une attaque, elle traumatise l’éleveur, elle traumatise le troupeau, cette relation qu’on a avec les bêtes, elle est cassée ».

Dans le Pays de Seyne, très bocager et appelé communément « la Suisse provençale », c’est l’élevage bovin allaitant qui prédomine. Ce territoire est limitrophe du massif des Monges. A l’automne les éleveurs bovins en fin d’estive récupèrent leurs animaux sur leurs exploitations et les mettent dans des prés, en les triant en fonction de leur stade physiologique. Ainsi les vaches prêtent à vêler sont regroupées pour vêler à l’extérieur par petits groupes de 5 à 6. Les veaux naissent et allaitent tranquillement leurs mères. Après le départ des grands troupeaux ovins des estives, les loups se reportent en partie vers ces petits lots d’animaux au pâturage dans des prés isolés et cloisonnés par les haies, et s’en prennent aux jeunes veaux. Dans ces cas, les éleveurs observent que les mères deviennent agressives et très perturbées.

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr et sgole@cerpam.fr

Hautes-Alpes : des patous encombrants



Les Hautes-Alpes constituent une exception régionale : on constate en 2012 une baisse d’environ 20% des attaques et des victimes par rapport à 2011. Mais la prédation ne diminue cependant pas partout. La pression est variable selon les territoires. Ainsi le Dévoluy, la Clarée et le Bochaine se distinguent par un nombre d’attaques et de victimes importants. Deux nouveaux secteurs sont touchés en Préalpes, le Rosannais et le Serrois. Une grosse contrainte pour ces éleveurs qui sont attaqués aux abords des bergeries. Avec des troupeaux dehors dans des zones fortement boisées, la tension risque d’être forte. Le schéma de protection tend à évoluer : les éleveurs se dotent de plus en plus de chiens de protection, tandis que le nombre d’aides-bergers a tendance à diminuer. Si nous ne devions garder qu’un fait marquant de cette année 2012, de toute évidence ce serait l’attaque survenue à La Cluse à la fin du mois d’août. Elle s’est déroulée de jour, par 4 loups, sous les yeux du berger, assistant impuissant à la scène et devant faire face à l’un d’eux qui venait dans sa direction pour le faire fuir.  Ce qui est marquant, ce n’est pas tant le nombre de bêtes tuées (2 mortes et 2 disparues), ce n’est même plus la colère et l’exaspération des éleveurs, mais le traumatisme de ce berger, un mois après avoir subi cette attaque. Il n’en revenait toujours pas en nous racontant cela : « de jour, devant mes yeux, tu t’imagines ? » ; « je ne savais plus quoi faire, j’ai regardé mes chiens et je crois qu’ils étaient tout aussi étonnés que moi de ce qui nous arrivait »…

Dans le département, les tensions autour des chiens de protection s’accroissent. Depuis quelques années, ils suscitent une sorte de « psychose » auprès de ceux qui fréquentent la montagne. Que les incidents soient avérés ou non, ce phénomène prend de l’ampleur et en arrive à devenir très problématique dans certaines zones, notamment les plus touristiques.  Le CERPAM est de plus en plus interpellé sur la question de la présence des patous dans les troupeaux. Nombreux sont ceux qui pensent dans les vallées qu’ils sont incompatibles avec une activité de randonnée. On entend souvent dire que les patous sont « méchants », qu’il y a eu des « attaques » (sur des randonneurs), que les gens ont peur d’aller à tel ou tel endroit…. Et ce, malgré des campagnes de sensibilisation réalisées auprès des randonneurs sur certains circuits bien identifiés, ou avec des spots sur les radios locales. Cette ambiance rajoute une pression de plus pour les éleveurs et les bergers.

Pour en savoir plus : asilhol@cerpam.fr

Alpes-Maritimes : 20 ans après le retour du loup, la pression de prédation s’accentue encore.



Premier département par le nombre d’attaques et de victimes, les Alpes-Maritimes ont été particulièrement touchées en 2012 avec une nouvelle et forte augmentation par rapport à 2011. Les pertes atteignent 2161 animaux pour ce seul département, soit plus du tiers du total national. Concernant l’augmentation des chiffres en 2012, plusieurs facteurs entrent en compte pour expliquer cela. Tout d’abord, les zones « historiques » de présence des loups (meute Roya-Vésubie, Vésubie, Moyenne Tinée, etc.) continuent d’être des secteurs de très forte prédation. Sur les secteurs de colonisation plus récente, les meutes s’installent dans la durée, en particulier dans les Préalpes de Grasse. De plus, de nouveaux secteurs ont connus des attaques comme la commune d’Utelle, en basse vallée de la Vésubie, particulièrement problématique en début d’année ou la haute-vallée du Var cet été.

Pour donner une idée de la pression qui pèse sur les troupeaux, 31 éleveurs ont subi plus de 10 attaques en 2012, 6 éleveurs plus de 25 attaques, 2 éleveurs une cinquantaine d’attaques. Le seuil du supportable est largement dépassé. Pourtant la quasi-totalité des éleveurs ou groupements pastoraux pâturant sur le département en zone de présence du loup bénéficie de contrats de protection des troupeaux (120 contrats en 2012, soit une augmentation de 20% des contrats depuis 2011) impliquant des changements de pratiques souvent lourds. Les Alpes-Maritimes cumulent tous les facteurs de vulnérabilité : une exposition des troupeaux aux loups toute l’année, de janvier à décembre, grâce au climat méditerranéen qui permet le pâturage 12 mois sur 12 ; l’utilisation de très importantes surfaces de landes et de bois au pâturage, où l’approche furtive des loups est facilitée ; la présence au pâturage la plus grande partie de l’année d’agneaux broutards avec leurs mères, que le berger doit conduire de façon beaucoup plus étalée dans l’espace, pratique peu compatible avec les contraintes de la protection. La pression est donc permanente sur les troupeaux et s’accentue encore. Vingt ans après, rien n’est stabilisé, une situation très difficile à vivre pour les éleveurs.

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr

Bouches-du-Rhône : premières attaques de loups dans la Sainte-Victoire



Le loup ne figure pas dans les tableaux de Cézanne. Il est bien trop discret. C’est sans doute cette discrétion qui rend si difficile la pleine reconnaissance des attaques du prédateur dans les nouvelles zones de colonisation. Qu’on en juge. L’éleveur présent à Vauvenargues a constaté une première attaque fin janvier dans un parc électrifié utilisé pour les béliers. Affolés, ils ont rompu la clôture. Bilan, un mâle disparu, un autre avec une patte cassée. Bien sûr, pas de reconnaissance possible du rôle d’un loup. Fin avril, nouvelle attaque à nouveau dans un parc électrifié : 5 brebis égorgés proprement, un agneau disparu ; mais le constat a été écarté en raison de problèmes administratifs. En novembre l’éleveur tombe nez à nez avec un loup, un jeune mâle selon lui sur les crêtes de la Sainte-Victoire. Aucune crainte de l’animal, malgré la présence de l’homme. L’éleveur a aussitôt redescendu le troupeau et compté : 5 brebis et une chèvre manquante. De retour sur les lieux, il repère des traces de sang, mais ne retrouve aucun reste dans ce terrain escarpé et très embroussaillé. Nouvelle perte sèche. Dans le courant du mois de novembre, deux nouvelles attaques se produisent, en présence à chaque fois d’un patou : lors de la première, une brebis égorgé et 4 manquantes ; lors de la deuxième, 5 brebis tuées et une manquante. C’est à cette époque que des chasseurs ont pu observer un loup à proximité. Bilan de l’éleveur pour l’année 2012 : 5 attaques, 11 animaux tués, 13 disparues. Sur ce total, un seul animal a été reconnu « loup non exclu » et indemnisé. Un autre éleveur a subi une attaque à Jouques (un animal tué) ; mais ignorant de la procédure, il l’a montrée à un vétérinaire, et le constat administratif n’a pas été effectué.

Dans les zones de colonisation, les procédures ont du mal à se mettre en place dans de bonnes conditions la première année (circulation de l’information, mise en place des procédures, formation et expérience des agents). Il se rajoute le fait que dans les parcours boisés, embroussaillés, escarpés utilisés toute l’année dans les départements méditerranéens, il est souvent difficile de retrouver les carcasses, et ce d’autant plus que nombreux sont les charognards qui dispersent et consomment rapidement les restes (les sangliers notamment). Au total, s’il faut saluer les importants efforts effectués par les administrations pour indemniser les éleveurs touchés par les attaques de loups, il faut aussi reconnaître que bien des pertes dues au loup ne sont pas en situation d’être indemnisées.

Pour en savoir plus : sdebit@cerpam.fr