mardi 18 novembre 2014

Régional : formation des agents des Parcs nationaux



A l’automne 2014, plusieurs sessions de formation ont été organisées dans différents cadres à destination des agents des Parcs nationaux du Mercantour, des Cévennes et des Ecrins, à l’initiative de la Fédération nationale des Parcs nationaux, du Parc national des Ecrins et du CERPAM. Depuis longtemps impliqués dans la mise en œuvre et le suivi des mesures agro-environnementales, les Parcs nationaux ont souhaité faire le point sur le fonctionnement de l’élevage de montagne, la place des alpages et des parcours dans l’alimentation des troupeaux, la gestion agri-environnementale et les outils méthodologiques de suivi du pâturage. En complément de l’intervention de l’IRSTEA sur l’élevage de montagne, c’est notamment la tournée de fin de pâturage et d’évaluation de la consommation de la ressource qui a été présentée en salle et sur le terrain. En quatre journées de terrain, ce sont au total une trentaine d’agents qui ont participé à ces formations au cœur des Ecrins comme en Ubaye, aussi bien en alpages que sur les parcours de demi-saison des exploitations.
Chacun ayant en main les différentes grilles d’évaluation du pâturage adaptées à des milieux particuliers, les agents ont identifié les milieux, apprécié leur valeur pour les animaux e expertisé leur niveau de valorisation. Ils ont pu ainsi naviguer entre des valeurs faibles de passage du troupeau en faciès productif par exemple, aux pelouses nivales rases toujours bien raclées par le troupeau, en passant par les étapes caractéristiques des indicateurs de prélèvement sur touffes de Queyrel. Ce fut également l’occasion de plonger dans les nouveaux indicateurs de dégradation du sol pouvant être dus à la circulation trop importante, en les distinguant des pelouses naturellement écorchées. Drailles stabilisées et plaques déchaussées furent au programme. Enfin, quelques éléments ont également pu être observés sur des indicateurs de dérive de végétation comme les effets des parcs de nuit, mais également la présence de plantes en rosettes comme l’épervière piloselle sur pelouses thermiques, témoignage de dégradations passées. Des initiatives à saluer, qui encouragent le rapprochement technique entre parcs nationaux et services pastoraux, au profit de l’élevage et de la biodiversité.



Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.frsvieux@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence – visite des groupements pastoraux en Ecosse



Connaissez-vous le crofting ? C’est une forme de mobilisation foncière dans la grande propriété privée pour maintenir les pratiques d’élevage sur les territoires agropastoraux. Ce dispositif est surtout très répandu dans les Highlands. Le croft est une petite exploitation fonctionnant en général à temps partiel, qui comprend une petite parcelle individuelle et des terres communes mises à disposition par le propriétaire latifundiaire et gérées en pâturages collectifs. L’agriculteur (crofter) gère le terrain, mais ne le possède pas. Le nombre total d’animaux est contrôlé pour éviter que la pression de pâturage ne soit pas excessive et ne nuise pas à la durabilité du système.

C’est ce système original que 42 éleveurs, présidents ou membres de groupements pastoraux affiliés à ESTIVALP, la fédération des groupements pastoraux des Alpes-de-Haute-Provence, sont allés découvrir du 2 au 6 septembre 2014 dans la région d’Inverness-Aberdeen au Nord Est de l’Ecosse. Au total, cinq exploitations d’élevage… et une distillerie de whisky ont fait l’objet de visites approfondies. L’ensemble des participants a été très satisfait de découvrir cette forme d’organisation foncière, les immensités de prairies permanentes et de landes au relief vallonné si caractéristiques des Highlands, avec tous ces moutons Texel, Scottish Black Face et les bovins de races Aberdeen Angus, Highland Cattle et Galloway.


A cette occasion, le groupe a également pu assister au Championnat du Monde de chiens de troupeaux et soutenir ardemment les deux compétiteurs de la Région, Didier Fisher éleveur dans les Alpes Maritimes et Jean-Michel Jolly des Alpes de Haute Provence !

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr

Hautes-Alpes – abreuvement et ouverture des milieux, deux priorités en alpage



En cette fin d’estive, la Fédération des Groupements pastoraux des Hautes-Alpes a invité ses adhérents et partenaires administratifs et techniques à partager des éléments de réflexion et des expériences autour des questions qui touchent les aménagements et la gestion des alpages, lors de deux rencontres techniques.
Le 5 septembre, une dizaine d’éleveurs, représentants des Groupements pastoraux, avec les agents du Conseil général et de la DDT, se sont retrouvés sur l’alpage bovin de Manse à Ancelle afin de parler d’abreuvement. En effet, à l’heure ou beaucoup parlent du réchauffement climatique et de son impact sur la ressource en herbe, le sujet de l’eau nous semblait tout aussi important à traiter. L’occasion de rappeler les fondamentaux de l’abreuvement des troupeaux en montagne notamment à travers l’implantation des points d’eau pour une meilleure gestion de l’herbe, ou pour faciliter la conduite du troupeau. L’occasion, aussi, de rappeler les différentes techniques d’abreuvement : points d’eau naturels, captage de source ou prise d’eau dans un torrent avec pose d’abreuvoirs, stockage en citerne et réalisation d’impluvium. Chacun a pu aller de son expérience à travers les problèmes rencontrés, les astuces et techniques adoptées par les uns et les autres. Ce moment fut enfin et surtout le moyen de montrer l’impluvium réalisé par le Groupement pastoral d’Ancelle sur cet alpage. En effet, ce petit alpage bovin étant dépourvu de point d’abreuvement d’eau sur la partie haute, il était très difficile de valoriser l’herbe. Afin de pallier ce manque et pour ne pas pomper l’eau depuis le bas, le GP a décidé d’implanter un impluvium. Depuis 2014, les éleveurs ont ainsi pu poser une clôture en partie médiane de l’alpage afin que le troupeau reste sur la partie haute sans problème d’abreuvement.



Le 11 septembre c’était autour du Groupement pastoral de Tramouillon de nous accueillir sur l’alpage du même nom à Champcella. Avec la visite d’un chantier de débroussaillage, la fédération souhaitait attirer l’attention sur l’importance et la nécessiter d’entretenir des zones d’alpage en cours de fermeture ou de reconquérir certaines parties déjà trop fermées. Comme pour la journée sur l’abreuvement, nous sommes revenus sur les objectifs et techniques d’ouverture, avec un complément apporté par la DDT sur l’aspect réglementaire du code forestier en la matière.



Pour en savoir plus : svieux@cerpam.fr

Alpes- Maritimes : agir sur la forêt et favoriser le pastoralisme dans les Préalpes d’Azur



Depuis sa création en 2012, le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur s’est donné comme objectif de développer la valorisation des forêts qui couvrent la majorité de son territoire. Cependant, seule une petite part de ces forêts est en production, particulièrement en forêt privé et elle abrite souvent d’autres activités et enjeux. Ainsi, le PNR a confié au CRPF, à la Fédération des chasseurs des Alpes-Maritimes et au CERPAM une mission visant à mettre en place des actions concrètes pour une gestion multifonctionnelle de la forêt. Pour cela, cinq sites offrant une diversité de situations reflétant celle du PNR ont été retenus : répartition géographique, contexte très rural ou quasi périurbain, forêts productives ou présence de boisements peu exploités, forte présence d’activités d’élevage ou zones abandonnées, enjeux faune très diversifiés.

Une description de ces sites a été réalisés à partir de tournées de terrain et de rencontres avec les acteurs locaux (élus, exploitants forestiers, éleveurs, société de chasse) pour en dégager les problématiques principales telles que : comment couper du bois local en propriété privé morcelé pour fournir du bois de chauffage aux habitants de villages excentrés ? Comment concilier forêt productive et prise en compte des enjeux faune ? Comment faire accepter les coupes de bois sur des communes où cela génère des conflits ou sur des territoires auparavant non forestier ? Comment concilier les impératifs d’une coupe de bois et le pâturage en mettant en œuvre des itinéraires techniques spécifiques ? Comment préserver des milieux ouverts essentiels pour le maintien du pastoralisme et de nombreuses espèces de faune et de flore ?
Des propositions d’actions adaptées à chaque site sont en cours d’élaboration et vont être proposés aux groupes locaux ainsi qu’au groupe de travail "forêt et espaces naturels" du PNR. Dès à présent, ce travail d’animation entre acteurs connaissant le territoire permet réellement d’engager des démarches innovantes, motivantes et reproductibles.

Photo : Claire Favier

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr   

Alpes- Maritimes et Var : quand les éleveurs norvégiens rencontrent les éleveurs provençaux sur la thématique du loup



Du 27 au 29 octobre 2014, une délégation de 14 éleveurs norvégiens, conduite par Mme Tone Vaag, Présidente de l’Association des éleveurs ovins de Norvège (Norsk Sau og Geit), s’est rendue dans les montagnes du Mercantour, des Préalpes de Grasse et du Canjuers afin de se renseigner sur les solutions mises en œuvre par les éleveurs français face aux loups. En effet, confrontés à de gros problèmes avec les prédateurs dans leur pays, les éleveurs norvégiens s’entendent souvent dire que cela se passe bien dans les autres pays et notamment en France. Lors de leur visite, organisée par Yvonne Tonnaer et Oivind Loken (Norsk bonde og smaabrukarlag), et par l’APPAM et le CERPAM côté français, ils ont visité cinq exploitations ou alpages soumis à la prédation. Le travail réalisé avec les chiens de protection, ainsi que la sécurisation des parcs de pâturage, leur ont été présentés, en association avec le Parc national du Mercantour, les DDTM des Alpes-Maritimes et du Var, enfin l’Armée sur le camp militaire du Canjuers. Lors de cette visite, les éleveurs norvégiens ont pu également rencontrer des scientifiques et spécialistes
engagés sur la question de la protection des troupeaux en France, en Suisse et en Italie comme Jean-Marc Landry de l’IPRA, Ueli Pfister, Président de l’Association suisse des éleveurs détenteurs de chiens de protection, et Mario Massucci de la Société centrale canine.
Pendant trois jours, les éleveurs de Norvège ont rencontré au total une quinzaine d’éleveurs de la France méditerranéenne. Ils ont pu découvrir leurs pratiques ainsi que

leurs initiatives en matière de transformation, vente directe et agrotourisme, et déguster leurs produits. Mais c’est surtout le problème du loup qui a fait l’objet d’un examen attentif. Les éleveurs français ont exposé le très haut niveau de prédation auquel ils sont confrontés, les limites des moyens de protection, la situation de détresse vécue

 par nombre d’entre eux, enfin la difficulté de mise en œuvre d’une politique de prélèvements de loups.
 Les éleveurs norvégiens connaissent une situation largement comparable dans leur pays, dans un contexte très différent d’élevage de montagne froide. Ils considèrent que leurs petits troupeaux, libres l’été, ne sont pas protégeables. Le regroupement nocturne et la conduite serrée par un berger ne sont pas possible en raison des agneaux au pâturage. Les chiens de protection ne sont pas efficaces en raison du caractère non grégaire de leurs brebis, dispersées dans toute la montagne. Les éleveurs norvégiens et français ont affirmé une grande solidarité face à leur situation commune, et la nécessité d’établir des échanges entre éleveurs européens sur cette question très difficile pour tous.



Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr