lundi 19 mai 2014

National : les parcours boisés pris en compte en tant que surfaces fourragères



Un nouvel arrêté ministériel a été pris le 15 avril 2014 qui modifie le précédent arrêté relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) datant du 13 juillet 2010 ; ce dernier posait problème quant à la conformité des parcours boisés en tant que surfaces agricoles, voire dans leur prise en compte dans les contrats agroenvironnementaux comme la PHAE. A la suite des justifications transmises par les directions départementales des territoires et de la mer et de différents travaux menés, les « surfaces fourragères boisées » portant une densité d’arbres d’essences forestières supérieure à 50 par hectare sont considérées comme agricoles pour des « motifs écologiques, environnementaux ou traditionnels ». Cette nouvelle disposition s’applique pour les déclarations de surfaces 2014, dans les régions ou départements méditerranéens ainsi que dans quelques autres départements de montagne. Elle corrobore les travaux d’élaboration des socles régionaux BCAE pour les surfaces fourragères et pastorales conduits en Languedoc Roussillon et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’admissibilité de ces surfaces est cependant conditionnée à leur utilisation effective par les animaux : « ces surfaces doivent être accessibles et pénétrables par les animaux, fournir une ressource herbagère ou arbustive ou fruitière consommable et suffisante, être effectivement pâturées. ». Il faut donc s’assurer que les surfaces boisées déclarées par les éleveurs ou leurs groupements disposent d’une ressource alimentaire pouvant provenir des plantes herbacées, des feuilles ou des pousses et rejets des ligneux (arbres et arbustes), ou des fruits des arbustes et des arbres, qui soit consommable et consommée par les troupeaux. Ces conditions reprennent les principaux éléments de formulation déjà présents dans les arrêtés préfectoraux BCAE des départements méditerranéens ainsi que dans les socles régionaux LR et PACA. Ce nouvel arrêté peut préfigurer les nouvelles dispositions de la PAC 2015-2020 sur l’admissibilité des surfaces fourragères destinées à l’alimentation des troupeaux et leurs modalités de déclaration.



photo CERPAM
Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr

Alpes et Pyrénées : formation des bergers et pratiques de gardiennage



Le CERPAM a participé à plusieurs formations pour les bergers en ce printemps 2014, aussi bien à l’Ecole du Merle (Bouches-du-Rhône) pour le massif alpin qu’au CFPPA de St-Girons (Ariège) pour celui des Pyrénées, du 11 au 16 avril. Des thèmes variés ont été abordés, concernant les diverses pratiques de garde, la prise en compte de la biodiversité au pâturage, la diversité des contextes de pastoralisme dans les massifs alpins, pyrénéens et sur d’autres continents avec des intervenants des Pyrénées et du CIRAD présents à St-Girons, ainsi que l’épineuse question de la prédation et des contraintes qu’elle impose aux bergers. Ces formations menées devant des publics de bergers apprenants ou confirmés ont donné lieu à de nombreux échanges. Un projet d’article écrit ensemble par les pastoralistes et les bergers de l’Association des bergers de Provence et des Alpes du Sud sur la diversité des pratiques de gardiennage en est l’une des retombées. Il doit présenter les multiples « bonnes façons de faire », chacune s’adaptant à une logique, un contexte, une cohérence globale reliant l’homme, le type d’animal, le milieu naturel, le produit et son mode de commercialisation.
  
Ainsi le gardiennage permanent serré permet de conduire de gros troupeaux regroupés en s’appuyant sur de vastes formes de relief bien dégagés qui s’y prêtent, avec une race grégaire comme la Mérinos d’Arles, et pour des animaux à besoins limités. Le gardiennage permanent souple convient sur des alpages ou des parcours plus difficiles, pierreux, séchant, ou embroussaillés, ainsi que pour la conduite d’animaux à plus forts besoins, notamment les mères en fin de gestation ou en lactation avec leurs agneaux broutards qui doivent s’étaler bien plus largement pour constituer leur ration. Le lâcher-dirigé ou girade est une pratique de gardiennage non permanent sur certains quartiers favorables  en « donnant le biais » à des bêtes qui connaissent leur circuit, ce qui libère le berger pour un ravitaillement ou un temps de repos, ou l’éleveur-berger pour une autre tache sur son exploitation. Enfin, dans les Pyrénées comme dans certaines vallées alpines, la pratique dite arrage dans les Hautes-Alpes est également fréquente : de nombreux petits groupes d’animaux, appelés escabots dans les Pyrénées, valorisent de petits reliefs compartimentés peu favorables à une conduite regroupée, le travail du berger consistant alors à des visites à des intervalles variables selon la tranquillité des lieux et l’accoutumance des bêtes. Une diversité des pratiques plus ou moins vulnérables face au loup et à l’ours, lesquels remettent fortement en question la pérennité de savoir-faire finement adaptés aux contextes locaux.

 


photos CERPAM
Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence : vers un redéploiement sylvopastoral à Clumanc



La commune de Clumanc s’étend sur un territoire de 5600 ha, dont 534 ha de forêt communale relevant du régime forestier. Elle compte 15 exploitations agricoles, dont onze élevages, en grande majorité ovins. Dans cette large vallée, les élevages se sont développés à partir des prairies, souvent irriguées, et des cultures. Les surfaces de parcours, « oubliées de la modernisation » des exploitations, n’en restent pas moins stratégiques aux périodes d’intersaison : printemps et automne. De plus, ces surfaces apparaissent comme un réservoir de ressource alimentaire pour les troupeaux pour répondre à un durcissement de la réglementation en matière d’irrigation, ou à une modification des circuits de commercialisation (actuellement basés sur l’agneau laiton) qui nécessiterait d’accroitre l’âge de vente des agneaux et par voie de conséquences les volumes de fourrages nécessaires. Nouveaux enjeux, la commune de Clumanc a confié au CERPAM et au CRPF, à la demande des éleveurs, une étude visant à déterminer les potentialités de reconquête sylvopastorale sur 15 zones totalisant 1180 ha. Cette étude a permis de recenser 754 ha de forêt à mettre à valeur dont 392 ha en combinant sylviculture et pastoralisme.
Ce potentiel remarquable souffre néanmoins d’un contexte foncier complexe : propriétés extrêmement morcelées, nombreuses indivisions, successions non réalisées. Des actions de regroupement foncier doivent être envisagées en préalable à la réalisation des travaux afin de rassembler un territoire continu et cohérent. L’outil le plus adapté est l’Association Foncière Pastorale autorisée. Dans ce contexte, la commune de Clumanc peut jouer un grand rôle pour la mise en œuvre des projets aux côtés des éleveurs en initiant le regroupement foncier par contact des propriétaires identifiés et en promouvant des opérations sylvopastorales (coupes, éclaircies, travaux d’aménagements ou d’équipements pastoraux…). De la suite qui sera donnée à ces projets dépend l’avenir de trois exploitations trop restreintes en surfaces et contraintes d’acheter des fourrages en grande quantité.
Pour en savoir plus : sgole@cerpam.fr

Hautes-Alpes : l’enjeu du tourisme sur l’élevage pastoral dans le Queyras



Dans le cadre de l’enquête pastorale, les réunions avec les éleveurs au sujet du recensement des surfaces pâturées, ont permis de soulever différentes dynamiques caractéristiques du Queyras. En particulier, la question du tourisme et de son impact sur l’activité de l’élevage, positif et négatif, est ressortie avec force. La pression du foncier sur les prés de fauche se fait de plus en plus sentir dans la vallée. Le tourisme influence largement la politique foncière locale. De ce fait cela diminue les ressources fourragères des éleveurs et par conséquent  leur autonomie de fonctionnement. Néanmoins, nombreux sont les éleveurs pluriactifs travaillant en station l’hiver. Pour la majorité, sans ce travail ils ne pourraient assurer un revenu nécessaire. Ils se rejoignent pour reconnaître la nécessité du tourisme, tout en souhaitant un rééquilibrage des logiques d’aménagement.
En effet, le rôle de la politique locale est majeur à ce sujet. Bien que l’activité économique relevant du tourisme soit largement supérieure à celle de l’élevage, elle ne peut être considérée sans la prise en compte du système agropastoral primordial dans le Queyras. Si la gestion du foncier, à travers le Plan Local d’Urbanisme ou le Schéma de Cohérence Territoriale, ne soutient pas suffisamment la conservation des terres agricoles, alors l’activité agro-pastorale, ayant déjà peu de poids face au tourisme s’en verrait d’autant plus fragilisée. Ainsi la nécessité de défendre les effets positifs du pastoralisme sur la qualité des paysages et la biodiversité est d’autant plus importante qu’elles justifient l’attrait touristique pour ces milieux. L’élevage façonne et préserve le patrimoine naturel, véritable richesse de ce territoire, et argument majeur de l’attractivité touristique du massif du Queyras aujourd’hui.
Pour en savoir plus : csoulleys@cerpam.fr

Hautes-Alpes: printemps en retard sur les Alpages sentinelles des Ecrins en 2013




Photo M.COULON

Comme chaque année, les partenaires du programme Alpages sentinelles se sont retrouvés pour une journée d’échange vendredi 11 avril à Châteauroux-les-Alpes. C’est l’occasion pour chacun de présenter les travaux conduits et de faire un retour d’expérience pour l’année écoulée. Avec un printemps froid et humide (très marqué au mois de mai), la végétation, que ce soit autour des exploitations comme sur les alpages, a eu du mal à démarrer. De plus, ces conditions ont favorisé une accumulation de neige en altitude jusque tard dans la saison. On constate jusqu’à un mois de retard par rapport à la moyenne sur les dates de déneigement début mai et jusqu’à 3 semaines sur certains quartiers d’estives. Ceci s’est traduit par un retard quasi systématique de mise à l’herbe des animaux, retard qu’on constate également pour les montées en estive. En début d’estive, les bergers estiment de 1 à 3 semaines le retard sur la végétation. Ensuite le mois de juillet fut très humide ce qui a permis à la végétation de rester verte plus longtemps que les années précédentes. Mais le manque de chaleur n’a pas permis à l’herbe « d’exploser ». Ainsi le retard ne s’est pas comblé, il est toujours marqué début août avec des quartiers d’altitude qui déneigent tardivement obligeant à nouveau les bergers à repousser les dates de montée.


Ces conditions météorologiques ont obligé les éleveurs et les bergers à s’adapter. On constate que la plupart des Groupements pastoraux ont décalé les dates de montée en alpage voire échelonné les lots d’animaux au fur et à mesure de la pousse de l’herbe. Malgré cela, pour certains, le retard de la végétation n’arrive pas à se combler.
Les bergers doivent faire manger de l’herbe « trop jeune » aux animaux ce qui entraine des changements dans les biais afin que les brebis se « remplissent » et pouvant aller jusqu’à des problèmes de diarrhée. La grande majorité a dû adapter sa gestion en trouvant des secteurs tampons avant le quartier d’août, notamment sur des ressources précoces ou productives.
Pour en savoir plus : svieux@cerpam.fr